Une grossesse parfaite !
J’ai vécu une grossesse sans nuage, en pleine forme. Le dernier mois reste dans mon souvenir comme un temps suspendu, et je repense souvent avec nostalgie à ces dernières semaines. Mon bébé est né après terme. Avec le recul, je sais que c’est moi qui ne voulais pas le donner au monde, pour rester encore un peu plus longtemps dans ce temps à part. La veille de la « date limite » d’accouchement, les contractions ont commencé. Après ces premières contractions gérées chez moi, dans la nuit, nous sommes arrivés à la maternité, une heure avant mon rendez-vous de déclenchement programmé. J’étais à ce moment-là heureuse que les choses se déroulent naturellement !
Quand tout ne se déroule pas comme prévu…
Les heures passent, je mets tant bien que mal en pratique les conseils reçus en cours de sophrologie. Je me balance sur un ballon, dans un état de semi-veille. Les contractions sont très fortes, je pensais tenir plus longtemps. Je ne suis dilatée qu’à 3 cm ! L’équipe me pose la péridurale… Je renais, je dors un peu. Nous sommes le 7 octobre 2019, il est 13h, et nous nous apprêtons à basculer. Son cœur ne supporte pas bien les contractions fortes et rapprochées. Rien d’alarmant pour l’instant selon les sages-femmes, mais il faut que ça progresse. Mais encore une fois, mon corps ne lâche pas. C’est trop long. Les choses s’emballent, les médecins se succèdent, son petit cœur chute brutalement, longuement, j’ai de la fièvre et la péridurale ne fait plus effet, je souffre, comme jamais je n’aurais pu l’imaginer, on me la repose, enfin, après plusieurs injections de morphine inefficaces.
On me perce la poche des eaux : le liquide est teinté, on monte d’un cran dans l’urgence. Je suis K.O, mon bébé aussi. On parle césarienne, avec beaucoup de douceur. On m’affirme que mon conjoint pourra être présent et que j’aurai mon bébé posé sur moi quelques instants : on prépare le bloc. Mais à peine cette décision prise, que je suis prête, dilatée complètement. « On va voir comment vous poussez ». Je donne tout ce que j’ai, une énergie immense m’envahit. Je sens son petit corps glisser hors du mien, guidé par les forceps, on me la tend. Je ne comprends pas tout, mais je vois tout de suite qu’elle est comme éteinte. On me la pose quelques secondes, puis elle part. Je la retrouverai 2h après. J’apprendrai plus tard, dans mon dossier médical, qu’elle aura eu besoin d’être réanimée au masque à oxygène. Elle s’est reprise très vite, en quelques minutes, et les choses se sont bien terminées.
L’après accouchement
Mais les jours qui ont suivi cette naissance ont été compliqués : Roxane avait des tensions et un torticolis, l’allaitement s’est très mal engagé, en raison d’une première tétée tardive et approximative, et des difficultés de déglutition. Il m’aura fallu un échange avec une consultante en lactation, à la maison une semaine plus tard, pour que je prenne conscience du lien direct entre notre accouchement sur médicamenté et traumatisant et ces premiers jours complexes. Pendant des semaines, je pleure un allaitement rêvé et raté, et je ressasse.
Aujourd’hui, Roxane a 6 mois et demi : elle est en pleine forme, et heureuse. Je ne vois plus notre allaitement comme raté, mais partiellement réussi puisque nous avons tenu 4 mois en mixte. Une grande victoire vu le démarrage ! Le seul regret qui demeure, c’est cette non-rencontre immédiate, tant j’ai rêvé de ce moment et fantasmé ce premier regard.
Je retiens de ma grossesse et de mon accouchement que la naissance reste un moment malgré tout fragile, entre deux mondes, et que cela impose d’être dans une posture d’humilité, puisque rien ne se passe vraiment comme nous l’avions imaginé !
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